Lutte asymétrique et lutte écologiste
Une guerre asymétrique est une guerre du faible au fort, avec une cible faible et sans défense.
En tant qu’écologiste, le parallèle est frappant. D’une part des États et multinationales mènent la plus grande destruction du vivant jamais enregistrée, d’autres part, quelques militants et peuples autochtones tentent de s’y opposer. Les États disposent de la force armée et de la police pour imposer la “croissance” et l’ “innovation”.
De quoi disposent les militants écologistes ? De quoi disposent les peuples autochtones ? Pas grand chose, à part du courage et des convictions. Malheureusement, cela n’est pas suffisant. Ils gagneraient à disposer d’un bon manuel de stratégie.
Par chance, les analystes militaires ont élaboré des principes de stratégie et de tactique pour des cas similaires, depuis des siècles. Si notre objectif — arrêter les combustibles fossiles — est unique, nous pouvons appliquer ce qu’ils ont appris à notre propre tâche.
Les grands principes de la lutte asymétrique
Voici les grands principes de stratégies dans une guerre asymétrique :
- Dirigez chaque opération vers un objectif clairement défini, décisif et atteignable. Chaque campagne et action doit garder en vue l’objectif final.
- Intervenir avec une économie d’effort. Éliminer toute activité secondaire et inutile.
- Saisissez, conservez et exploitez l’initiative. Plutôt que de réagir de façon défensive aux conditions de l’adversaire, passez à l’offensive.
- Utilisez votre initiative pour choisir des combats où vous pouvez appliquer la force à leur faiblesse. Concentrez vos moyens sur leurs vulnérabilités.
- Surprenez votre adversaire en frappant à un moment ou à un endroit inattendu ou de manière inattendue. La surprise est un multiplicateur de force temporaire, mais puissant.
- Frappez plusieurs cibles simultanément pour un impact maximum et pour maintenir votre adversaire en déséquilibre.
- Planifiez des actions de courte durée, puis retirez-vous. Évitez les engagements prolongés à partir de positions fixes.
- Visez à avoir commandement unifié pour que la coordination de vos forces soit maximale. Si cela n’est pas possible, veillez à ce que les efforts aillent dans le même sens, en suivant un plan commun.
- Maintenez la sécurité, ne permettant jamais à votre adversaire d’acquérir un avantage inattendu.
- Recueillez des informations. Comprenez les systèmes de votre adversaire. Vous devez savoir ce que vous faites, et les conséquences probables.
- Cherchez des résultats rapides : puisque nous perdons la supériorité numérique locale lorsque la police ou les forces de sécurité privées se présentent, les actions surprises doivent atteindre leur objectif rapidement.
- Dispersion : après une action, les participants doivent se fondre dans la population pour éviter les représailles.
Nous n’avons plus de temps pour les luttes symboliques
Vous remarquerez que, dans une situation de lutte asymétrique, peu de place est laissée aux victoires symboliques, aux actes de bravoure et de défiance. De fait, le camp “faible” est trop peu nombreux, trop peu équipé pour pouvoir nous payer le luxe de représentations symboliques.
Le seul élément pris en compte et l’atteinte d’un objectif, le plus proche possible de l’objectif final. Selon cette logique, toute action menée qui n’ai pas un intérêt direct dans l’atteinte des objectifs finaux est une perte de temps et de ressource. Ces dernière sont bien trop rares et précieuses pour être perdues.
Les écologistes auraient beaucoup à gagner de s’inspirer de tels principes. Bien trop souvent, les cibles sont choisies pour le symbole, les tactiques sont pensées pour leur médiatisation. Nous pensons que les tactiques devraient surtout être pensées pour gagner.