On a tendance à imputer l’obsolescence « programmée » à quelques entreprises, quelques personnes mal intentionnées. En réalité, elle est inscrite dans le fonctionnement de notre société.
Je travaillais dans une entreprise qui développe une application mobile. Les développeurs font leur travail : ils créent donc de nouvelles fonctionnalités innovantes, dans l’application, pour se démarquer de la concurrence. Pour faire cela, ils considèrent le niveau de technologie des smartphones actuels : une mémoire de 64 Go minimum (soit l’équivalent de cinquante films), une connexion internet 4G, et une capacité de calcul d’un ordinateur d’il y a quelques années.
De leur côté, les constructeurs de smartphones (Samsung, Apple, Huawei, Nokia, etc.) sont en concurrence entre eux. Si, pour le même prix, elles proposent un smartphone de qualité moindre, elles perdent des parts de marché; voire disparaissent complètement. Oui, elles y jouent leur survie. Un tournant raté, comme Nokia dans les années 2000, et l’entreprise est au bord de la faillite. Elles tentent donc en permanence d’offrir des téléphones plus performants à des prix moindres.
En bref, les constructeurs de smartphones sont obligés d’innover pour rester en vie, et les développeurs d’applications utilisent le niveau actuel de technologie pour créer leurs applications. Résultat ?
Au bout de 5 ans, mon téléphone est encore parfaitement fonctionnel, mais il n’a plus assez d’espace pour effectuer les mises à jour (obligatoires) des applications, qui occupent 10 fois plus d’espace maintenant qu’alors. Il est super lent, pas parce qu’il est moins performant, mais parce que les applications demandent des capacités beaucoup plus importantes.
Personne n’a eu besoin d’être mal intentionné, tout le monde s’est comporté au mieux, dans les contraintes qui sont les siennes.
Voilà comment un système impose l’obsolescence. Voilà comment on balance des milliers d’appareils sans avoir besoin d’un méchant designer de l’obsolescence programmée.
Il faut se battre contre un système qui n’offre que la croissance comme salut.
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